16 avril 2006

Ingeus: sous-traitant de l'anpe

A Rouen, une société australienne se charge de 3 000 demandeurs d'emploi

Des "privés" épaulent des chômeurs

La société australienne Ingeus s'emploie à remettre au travail 3 000 chômeurs à Rouen. En y mettant les moyens. Et avec la bénédiction de l'assurance chômage et de l'ANPE.

"Aujourd'hui, vous n'allez pas chômer!" Tout juste 9h, au huitième étage d'un immeuble moderne de Rouen, avec vue panoramique sur la vile. Valérie Le Bris, 50 ans, la moitié passés dans les ressources humaines, réunit son équipe de conseillers. Clémentine, Nabil, Domitille, Philippe, Dorte... La trentaine, les garçons en costume-cravate. Ils sont la base avancée en France d'Ingeus. La société australienne a passé convention avec l'ANPE et l'assurance chômage (Assedic) pour remettre au travail 6 000 chômeurs en deux ans, la moitié à Lille et l'autre à Rouen. Le coup d'envoi a été donné le 17 février. Une première, suivie de près autant par les "privés" que le "marché" du chômage intéresse que par les défenseurs du service public pur et dur.

"Côte à côte"

Le plateau de 620 m², quasiment sans cloisons, prend vie petit à petit. Dans une salle, un groupe d'une vingtaine de demandeurs d'emploi assiste à une "réunion de lancement". C'est leur premier contact avec Ingeus. L'ANPE et les Assedic les ont sélectionnés. Cuisiniers, caissières, assistantes de direction, chauffeurs, cadres aussi. "Ils sont inscrits depuis trois mois, indemnisés par l'Assedic", explique Valérie Le Bris. Et identifiés selon une batterie de critères (formation, qualification, situation familiale, etc.) comme risquant de "plonger dans le chômage de longue durée faute d'un accompagnement renforcé". S'ils acceptent, le premier entretien avec "leur" conseiller se fait dans la foulée. S'ils refusent, c'est le retour à l'ANPE.
Pendant ce temps, les "anciens" arrivent. Un café (gratuit) au passage, et direction le "pôle de ressources". Une batterie de huit ordinateurs avec connexion internet (gratuite), des téléphones (gratuits), des revues et des journaux ciblés emploi et annonces. Aux bureaux de bois blond, les rendez-vous s'enchaînent. L'ambiance est détendue, certains se confient. Conseillers et demandeurs d'emploi sont "côte à côte, pas face à face", insiste Valérie Le bris. "Mon interlocuteur voit ce que j'écris sur l'ordinateur, renchérit Nabil, 23 ans. Cela a un aspect symbolique, c'est vrai, mais on tire dans le même sens: leur trouver un travail, rapidement et durablement."
Un boulot grâce au privé Ingeus ou par le biais de la publique ANPE? A vrai dire, les "clients" de la société australienne s'en moquent. "Moi, je veux bosser, point", confie une jeune femme anonyme, scotchée au "pôle de ressources". Tout le monde ne joue pas dans la même division, reconnaît Valérie Le Bris. Quand ses conseillers suivent 25 chômeurs (bientôt 50), leurs homologues de l'ANPE en ont souvent plus de 200 en portfeuille.

"Partenaire,
pas concurrent"


Quant à l'efficacité et au coput de l'une et de l'autre, difficile de comparer. Ingeus se veut "partenaire et prestataire, pas concurrent". De par sa convention, elles n'assure qu'une partie des prestations de l'ANPE. Fin mars, 35 personnes avaient repris le chemin de l'atelier ou du bureau. Avec un contrat d'intérim, un CDD et, plus rarement, un CDI. Et 200 chômeurs étaient entrés dans le processus. La société australienne a un double intérêt à réussir. Un, sa rémunération est en partie liée à la solidité du retour à l'emploi. Deux, si le test est concluant, il y aura d'autres contrats. Alors, visiblement, Ingeus est décidée à mettre le paquet.

source: page 4 du journal Ouest-France du 16-17 avril 2005

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